Alexis Bardini nous offre un recueil à la fois épuré, essentiel et tortueux. Comme la difficulté des anges terrestres : ceux qui aiment avec passion, questionnement et clairvoyance. J'ai découvert cet auteur grâce à instagram, sous le nom de Sébastien Minaux. J'ai immédiatement trouvé un écho artistique, une voix singulière et lumineuse. Mais aussi une voie. Une des voies proposées par la poésie dans toutes ses déclinaisons : la sensualité des ombres, du temps, la prégnance de la nature, du verbe qui vient fleurir votre cœur au plus près de l'intime. Comme le dit Christian Bobin, poète : " J'attends d'un poème qu'il me tranche la gorge et me ressuscite". Sébastien Minaux se rapproche à nombreux égards de Bobin. Il est également ce "voleur d'étincelles" titre tiré d'un poème de Nadia Gilard. Sauf qu'il ne vole pas, il capte les lueurs et fixe le tout sur nos ailes de lecteurs.
Comment écrire quand les doigts vous brûlent
Comme un champ de blé
Qu'aucune eau ne saurait éteindre ?
Comment respirer
L'air que chaque mot enflamme
Quand nos poumons sont de flanelle ?
(Alexis Bardini, p. 36)
Parfois il me fait penser à cet amoureux transi "Lucien Becker" dans "Rien que l'amour" (aux éditions de La table ronde) :
Tu repasses la chemise de la nuit
Qui flotte à tes épaules
Mes doigts sont le dieu hésitant
Qui effleure ta peau
Ton souffle dit les heures
(Alexis Bardini, p.40)
ou encore :
Le sable s'épuise à couler du ciel
Il épouse l'empreinte de tes yeux
(Alexis Bardini, p.49)
Coup de cœur absolu pour cet univers, que je compte suivre longtemps.
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