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marieverneypoete

Portrait de Poète 2 : "Poèmes d'outre-nuit"






Cher poète, peux-tu te présenter ?


Je suis né à Talence, près de Bordeaux, en 1992. J’ai fait des études d’anglais à l’Université Bordeaux Montaigne, où j’ai obtenu un master recherche en faisant un mémoire sur la représentation de la maladie et du vieillissement chez l’auteur américain Philip Roth. J’ai ensuite préparé les concours de l’agrégation et du CAPES, que j’ai obtenu en 2017. J’ai d’abord enseigné l’anglais au collège de Saint-Jean-d’Angély (17), puis j’ai été muté en région parisienne, dans un collège d’Évry-Courcouronnes (91), où j’effectue ma 4e année d’enseignement.

J’ai commencé à publier mes poèmes sur Instagram en avril 2020 sur un compte qui s’appelle « poèmes d’outre-nuit » (@poemes_d.outrenuit)





Fais-nous découvrir ton parcours poétique...


J’ai commencé à écrire à l’âge de 15 ans après à une rupture amoureuse : la tristesse et le manque de confiance qui en ont résulté m’ont poussé à m’isoler et me refermer sur moi-même ; mes premiers textes étaient écrits en anglais et étaient structurés comme des chansons, avec des couplets et des refrains. Les premiers textes que j’ai écrits en français (au début de mes études supérieures) m’ont donné envie de lire de la poésie, j’ai alors lu Les Contemplations de Victor Hugo, Une saison en enfer et Illuminations de Rimbaud ou Les fleurs du mal de Baudelaire ; auteurs dont j’avais un peu entendu parler au lycée et chez qui je cherchais de l’inspiration.

Un jour, mon père m’a donné à lire Extension du domaine de la lutte de Michel Houellebecq. J’ai adoré et, en voulant acheter un autre de ses livres, je suis tombé sur Non réconcilié, une anthologie personnelle publié chez Gallimard poésie. A une époque où j’éprouvais un mal-être sous-jacent, la lecture de ces textes fut une véritable claque et aussi une source d’inspiration qui m’a suivi pendant de longues années. Les textes qui ont suivis la lecture des poèmes de Houellebecq leur étaient similaires : rimés, sombres et parfois violents. Je voyais dans l’écriture et dans la poésie une véritable catharsis, une façon d’aborder de front et de manière structurée des thèmes comme le mal-être, la solitude ou l’amour. J’ai d’ailleurs tenté de publier ces textes sous le nom d’Au-delà des nuits, en vain.

La vision du film Paterson de Jim Jarmusch, où il est question du poète américain William Carlos Williams, a été le déclic qui m’a amené à explorer une poésie plus libre (tant dans l’écriture que dans la lecture), tournée vers les choses du quotidien, mais également plus pudique tout en restant assez intime.


As-tu des "rituels d’écriture" ?


Je n’ai pas de routine ou de rituel d’écriture particulier. J’écris mes textes dans des carnets moleskine en fonction de ce qui me vient, et je semble fonctionner par cycle : j’alterne entre des périodes où j’écris un peu tous les jours et d’autres durant lesquelles je n’écris pas, chaque cycle pouvant durer plusieurs semaines.

Si j’arrive parfois à arriver à une « produit fini » assez rapidement ; le processus d’écriture est parfois plus laborieux, ce sont des notes couchées par-ci, par-là, des strophes qui se mélangent, se raturent, se réécrivent à l’envi. J’essaie d’être aussi ouvert que possible et de me laisser la possibilité d’écrire quelque chose de potentiellement « mauvais », l’idée étant de « s’en débarrasser » pour donner lieu à quelque chose de mieux, de plus précis ou de plus sensible.

Je garde toujours en tête la vision de François Cheng, pour qui l’écriture se doit d’abord de « dire la vérité », et c’est finalement la seule contrainte que je me donne. J’essaie toujours de trouver le mot le plus juste possible, ce qui m’amène donc à réécrire mes textes beaucoup plus qu’avant, en particulier depuis que je les publie sur Instagram.


Où puises-tu ton inspiration ?


J’essaie de lire un maximum de poésie, contemporaine ou moderne, afin de me nourrir, de rencontrer des thèmes dont je ne parle pas forcément dans mes propres textes, des façons nouvelles de dire les choses. J’essaie aussi d’être le plus ouvert possible en lisant des choses très différentes, comme par exemple la poésie en prose de Christian Bobin ou les textes âpres et fulgurants de Charles Juliet, dont la lecture m’a bouleversé.

Mes poèmes parlent très souvent de ce que je ressens et ont longtemps reposé sur des tensions entre choses opposées : la nuit et la lumière, le silence et le vacarme etc… C’est un peu moins le cas aujourd’hui, mais on retrouve toujours des thèmes qui me semblent assez universels comme l’amour, l’absence, le langage et surtout le temps qui passe et le souvenir. Il y a d’ailleurs un concept esthétique et spirituel japonais – mono no aware, qui peut être traduit par « l’empathie envers les choses » ou « la sensibilité pour l’éphémère » – qui je crois correspond beaucoup aux textes que j’ai écrits récemment, comme « Ce que je vis me manque déjà ».


Des projets ?


En ce qui concerne l’écriture j’aimerais essayer de publier un premier recueil de poésie ou même quelques textes dans des revues spécialisées.

Sur le plan personnel, j’espère obtenir une mutation dans l’académie de Bordeaux pour me rapprocher de ma famille et de mes amis.


Un poème dont tu es fier ?


Il m’est difficile de répondre, mais je pense tout de suite à « Ce que je vis me manque déjà »


Ce que je vis
me manque déjà.

Les rires jetés
au visage de la mort
comme de l'huile brûlante
et toutes ces allumettes
craquées par boîtes entières
sur le dos de la nuit
parce que vivre
a depuis longtemps cessé
d'être un jeu d'enfant.

ou encore à « le feu de ton visage »
mes nuits
brûlent encore
du feu de ton visage
et je ne peux m’empêcher
d’en ramasser
les cendres


Un recueil de poésie contemporaine à nous recommander ?


J’en citerais même deux : J’habite désormais juste en dessous du ciel d’Andréa Thominot (paru chez 10 pages au carré) et Le cœur pur du barbare de Thomas Vinau (Le castor astral).


Un compte d'insta poète à conseiller ?


Il y en a beaucoup, et là aussi je ne peux me limiter à un seul : « poèmes du contrejour » de Pierre Magne Commandu et le compte de Raphaël Corso.



On termine par une citation ?


Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! – (Paul Valéry, « Le cimetière marin »)


Vision de la poésie aujourd’hui

Plurielle, vivante et de plus en plus libre.

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